Onze ans après la création du Salon des refusés (1863), un groupe d'artistes, de nouveau repoussé en bloc par le jury du Salon de 1874, décide de passer à  l'offensive. Regroupés en une « Société des artistes peintres, sculpteurs et graveurs», ils organisent une exposition dans l'atelier du photographe Nadar au 35, boulevard des Capucines, avec une trentaine d'artistes : Claude Monet , Camille Pissarro, Auguste Renoir, Edgar Degas, Paul Cézanne , Alfred Sisley, Armand Guillaumin, Berthe Morisot. En gestation depuis 1863, l'heure de l'«impressionnisme » a sonné. L'exposition déchaîne néanmoins de vives protestations, voire l'hilarité. Témoin le critique du Charivari, Louis Le Roy qui, devant le tableau de Monet, Impression soleil levant, affuble par dérision I' épithète d' « impressionnistes» aux exposants. Le groupe accepta ce nom par défi, mais non sans réticences. En effet, la notion de groupe même n'existait pas réellement, tout au plus une ambition commune. Pourtant, les impressionnistes venaient de découvrir une autre technique picturale, faisant table rase des valeurs sur lesquelles reposait l'acte de peindre (contour, modelé, clair-obscur, perspective et profondeur) : la lumière transforme tout objet et le soumet à  ses propres variations. En cela, ils appliquaient le principe de Delacroix, celui du « mélange optique ».