Henri MatissePeintre, dessinateur et sculpteur français né à Le Cateau en 1869 et mort à Nice en 1954. II suivit des études de droit, devint clerc de notaire et décida de se consacrer à la peinture à la suite d'une maladie durant laquelle il s'était exercé à peindre. II rencontra Marquet aux Arts décoratifs, puis il entra aux Beaux-Arts dans l'atelier de Gustave Moreau. Il fit ensuite la connaissance de Dufy et de Friesz. A cette époque, Matisse pratiquait une peinture aux tons sourds, très traditionnelle, mais à la suite d'un séjour en Bretagne il se mit à peindre sur le motif, s'intéressant à l'impressionnisme, à Gauguin, Cézanne et Lautrec, dont les influences, parfois mêlées, marquent ses premières œuvres.
En 1898, il travailla le nu à l'académie Carrière ou il rencontra Derain et il aborda alors la sculpture. Après avoir peint des tableaux dénotant l'influence de Cézanne et ou s'affirme une grande liberté de facture (coups de brosse hâtifs, dessin schématisé des Nus à l'atelier), il exposa, à la suite d'un séjour à Saint-Tropez auprès de Signac : Luxe, Calme et Volupté (1905) ou il adoptait la technique divisionniste.
Dans les toiles peintes à Collioure (étè 1905), un style nouveau s'affirme avec force, caractérise par l'emploi de couleurs violentes posées par larges taches plates, un dessin d'apparence sommaire qui interprète la forme humaine : un modèle à peine indiqué ; l'abandon des valeurs et un certain mépris de l'espace perspectif traditionnel (La Gitane 1905-1906; Collioure.1905). Avec notamment Derain, Vlaminck, Marquet, il exposa au Salon d'automne de 1905 et apparut alors comme le chef de file de ceux que la critique intitula péjorativement « les fauves » . II réalisa ensuite une vaste toile, La Joie de vivre aux couleurs plates étalées avec légèreté ; négligeant les proportions, il mit l'accent sur la valeur expressive de la ligne cernant d'un trait souple et fluide les personnages. Développant ces tendances dans les deux versions du Luxe (1907, et 1907-1908) ainsi que dans la Danse de 1909 ou les Baigneuses à la tortue (1908), il évolua vers une simplification croissante, cernant souvent les formes d'un trait épais. Ce style très personnel s'épanouit dans les compositions monumentales réalisées en 1909-1910 pour le collectionneur russe Stchoukine (La Danse et la Musique).
En 1908, l'atelier qu'il ouvrit à Paris obtint un grand succès et contribua à répandre son influence à l'étranger. Il voyagea au Maroc en 1911-1912 et jusque vers 1917 il multiplia les expériences plastiques, peignant notamment une série d'ateliers et de fenêtres où il révèle une méditation très personnelle de l'apport du cubisme : les références à la réalité extérieure deviennent très allusives et les formes prennent parfois un aspect angulaire tandis que ses couleurs acquièrent une légèreté et une luminosité nouvelles (Les Marocains, 1916). Installé ensuite à Nice, il traita des thèmes familiers. particulièrement celui des Odalisques où s'épanouit un sentiment sensuel hédoniste. II multiplia les effets décoratifs (tentures, tapis. poteries aux ramages luxuriants) et il revint à un léger modelé, ainsi qu'à un espace plus conventionnel (Figure décorative sur fond ornemental, 1927). La commande d'une œuvre monumentale pour la fondation Barnes marqua une nouvelle étape dans sa carrière; il reprit le thème de la Danse (1931) en tendant à une simplification radicale la ligne devenue presque abstraite: et la répartition des zones de couleurs pures structurent l'espace selon des rythmes inédits. Et dans le Nu rose (1935), le tracé épuré du contour commande la composition entière. Dans la série des papiers découpés (Jazz; Boxeur nègre; Zulma, 1950) - technique qui lui permet de « dessiner dans la couleur » - Matisse développa les principes de la Danse. Cette recherche de concision et de dépouillement culmina avec la décoration de la chapelle de Vence (1951). II créa de nouveaux accords de couleur et fut surtout un remarquable dessinateur. |